Il
lève le bras gauche, plie son coude, la main au niveau de l'oreille,
puis déplie brusquement son bras en pointant la main vers l'avant,
comme s'il brisait une brique imaginaire. Son regard fixe le devant
lui, les traits de son visage sont tendus, son bras reste quelques
secondes en apesanteur. Tu attends qu'il crie "à l'attaque !".
Mais il démarre, comme il l'a fait à la station précédente. A
celle d'avant, aussi. D'un geste minuscule, il s'éponge le front
sous sa majestueuse casquette. Tu observes le dos de sa chemise immaculée et ses
gants blancs. La pince qui brille à son col. Pilote de RER. Gare. Il
se lève d'un bond, attrape son trousseau de clé, débloque
manuellement l'ouverture des portes, sort la tête par la fenêtre,
scrute le quai, regarde sa montre, ressort la tête, ferme les
portes, saute se rasseoir, réenclenche sa clé, appuie sur un
bouton, fait le geste "en avant toute", annonce au micro la
prochaine station. Sans arrêt. Tu pries pour que la distance entre
les deux stations soit la plus longue possible. Simplement pour qu'il expire et qu'il ne se désintègre pas. Tu hésites entre
vrai humain et faux robot. Alors que tu sais qu'il ne fait que jouer
son rôle, parfaitement.
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