Tu souris en sortant de l'immeuble car même la nuit chauffe. Tu bailles en marchant vers là où tout le monde va. Il est 4h20, mais tout le monde y va et toi aussi. Cela fait deux semaines qu'ils courent à demi nus dans les rues, qu'ils suent avec ferveur, qu'ils piétinent sous le plomb en criant Oissa ! qu'ils réajustent leur cordelettes et leur bandeau, qu'ils prient tu ne sais qui et consacrent tu ne sais quoi. Deux semaines qu'ils montrent qu'ils sont des hommes, aurais-tu envie d'enchérir. Mais cela sonnerait mesquin et inutile.
Tu comptes les sept chars des sept quartiers de la ville. Une tonne à porter par chaque équipe, dos courbé, jambes arquées, pas chronométrés. Tu t'agglutines autour des autres sur le long des routes, ambiance Tour de France, pour voir la caravane passer. Tu te frottes les yeux et tu vois les premiers arriver au loin. Une vague de yukata blancs qui crient Oissa ! Oissa ! Oissa ! Oissa ! Tes voisins crient Oissa ! avec leurs mains.
Et ils arrivent et ce que tu sens déferler ce n'est pas tant cette lame de cris, ces piétinements qui font ciller le bitume, ni ce gigantesque char. C'est l'effluve brûlante et fugace que tu n'avais jamais sentie auparavant. Le passage d'une puissante odeur de chaud, de sueur, d'hommes, d'efforts.
L'haleine salée des chars des Yamakasa.
Wow!! Lovely! ;-)
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