Tout
d'un coup tu respires. Tu disparais sous la couverture de pins et
d'érables. Ce n'est pas aujourd'hui que tu fondras, finalement. La
forêt sombre sent l'encens de toutes les prières qui ont été
murmurées ici. Le crissement des cigales va et vient. Tu vois
presque l'écume. Tu montes et descends des marches en rondin de bois
à travers l'odeur de résine. Tu manges une toile d'araignée tous
les dix pas. Tu les vois jeter des pièces, allumer une bougie,
frapper dans leurs mains, fermer les yeux et se souvenir. Appuyé sur
un pont de bois rouge à côté d'une petite cascade, un moine en
blanc fume une clope. Il jette le mégot dans le bassin des carpes.
Les statues de pierre sourient.
Tu
le découvres allongé tout en haut. Des tonnes de bronze. A sa
grande main est attaché un long ruban multicolore que l'on tire
quand on prie. Devant tant de solennité sacrée, tu t'assois sur les
bancs à côté des autres et tu fais comme eux. Tu manges une glace
à la vanille, tu t'éventes, tu discutes, tu ris, tu tournes les
pages des livres disposés là. Son sourire est si calme, son repos
si confiant que tu ne te sens plus la force de le déranger pour une
frivolité. Plus tu observes sa tranquillité, plus tu te dis que,
oui oui, tu vas pouvoir te débrouiller sans rien invoquer. Il
poursuit son sommeil imperturbé. Personne à l'enquiquiner. Il est fort.
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