Tu écartes
les rideaux d'un coup sec et tu observes le rideau. De pluie. Dehors,
c'est le déluge. Ta gouttière crache et hoquète. Tu fais glisser
la vitre. Ca sent la mer. Partout dans la ville, ça sent la mer. Tu
n'entends même plus les corbeaux s'éclaircir la gorge. Quand tu
sors, tu respires le vert mouillé, les pins qui se sèchent au
soleil et les fleurs blanches à l'odeur de miel. Tu marches jusqu'au
temple au bout de ta rue. Tu entends le bruit d'un rateau. Un moine
redessine les cercles et traits dans le gravier blanc que la pluie a
tout emmêlé. Tu marches jusqu'au cimetière. Quelqu'un d'attentif a
posé sur une tombe plusieurs canettes de bière à la santé de son
défunt. Elles sont encore debout. Tu te dis que les Japonais, eux,
savent y faire avec leurs ancêtres. Ecoute et place. Ils font
groupe, même avec leurs morts. Tu repenses à ce que t'as dit Akeko
: qu'elle pourrait difficilement se marier avec un étranger, car
elle n'aurait pas les mêmes souvenirs que lui. Qu'en Occident, la
vie et les souvenirs sont individuels, mais qu'ici, certains jours,
tous les Japonais font la même chose. Elle dit que ça rend la vie plus rassurante, mais surtout que ça crée leurs souvenirs en
commun. Leur mémoire à eux est collective, pour se comprendre sans
avoir besoin de s'expliquer plus que nécessaire.
mercredi 26 juin 2013
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire